Saint Christol lez Alès
Un village au carrefour des Cévennes et du Languedoc
Village fleuri
Saint-Christol-lès-Alès (ou plus correctement orthographié Saint-Christol-lez-Alès) est un “village à la campagne” niché entre les Cévennes alésiennes et la plaine nord du Languedoc. Avec une histoire peu connue, les Saints-christolens et Saint-christolennes foulent une terre qui recèle encore de nombreux secrets.
Contrairement à la capitale des Cévennes, Saint-Christol est resté un village rural, orienté vers l’agriculture, la viticulture et le maraîchage. Les nombreux mûriers bordant toujours les chemins sont les vestiges d’une époque où les habitants tissaient encore la soie du ver. Sans oublier ses trois châteaux qui sont ouverts à la visite lors des Journées du Patrimoine. Aujourd’hui doublement décorée du label “Ville fleurie”, et en lice pour une troisième fleur, Saint-Christol est bien un village à la campagne…
La pyramide
Si le cœur de Saint-Christol se trouve aujourd’hui autour de ce curieux obélisque haut de treize mètres, il n’en a pas toujours été ainsi. Erigé en 1777 en l’honneur de Monseigneur de Beauteville, évêque d’Alès, l’obélisque côtoie des champs et des pâturages. Il se trouve à une centaine de mètres du “vieux village”. Le “quartier de la Pyramide” n’est en vérité inscrit sur le plan cadastral qu’en 1838. Dès le début du XIXe siècle, des habitations et un premier relais de poste s’y établissent. Au croisement des routes reliant Alès, Anduze et Ribaute-les-Tavernes, cet obélisque commémore l’effort entrepris pour désenclaver les Cévennes et tracer des routes carrossables. Depuis 1939, la pyramide est inscrite sur les listes des monuments historiques de France. Ainsi l’obélisque le plus connu des Cévennes et principal symbole du village est protégé !
La brandade de morue : une recette d’ici
La brandade gardoise, fameuse recette de morue émulsionnée à l’huile, est une recette emblématique de Saint Christol avec l’entreprise Coudène. Il est possible de trouver des traces de cette brandade dès le XVIIIe siècle. Charles Durand, célèbre cuisinier, quoique méconnu de nos jours, né en 1761 à Alès, est celui qui a popularisé la brandade grâce à son ouvrage « Cuisine du Midi et du Nord » publié en 1830. Considéré comme l’un des premiers livres de cuisine régionale en France, il aborde notamment la recette de la brandade gardoise au menu d’un restaurant.
Jusqu’au début du XXe siècle, la morue très répandue dans le Gard, est connue comme le plat du pauvre. Chaque famille avait sa recette (en purée de morue à l’huile d’olive et au lait, etc). La passion de ce cuisinier gardois l’a conduit à voyager à travers les régions, pour perfectionner ses compétences. Il a non seulement établi sa renommée en tant que chef, mais il a enrichi la recette traditionnelle de brandade en y ajoutant des ingrédients raffinés comme la truffe. Il la transforme ainsi en un plat emblématique de la gastronomie gardoise. Au fait, le mot “brandade” d’origine provençale du verbe “brandar”, signifie … “remuer“ en occitan !
Aujourd’hui, la société Coudène perpétue cet héritage culinaire. Implantée sur la commune, l’entreprise produisait en 2017 environ 1000 tonnes de cette spécialité.
Ainsi, de Charles Durand à la société Coudène, la brandade gardoise a parcourue un long chemin, passant du plat du pauvre au symbole de la gastronomie régionale, tout en conservant son authenticité et son goût inimitable.
Le chateau de Montmoirac, ancêtre direct de Saint-Christol ?
Le château de Montmoirac est peut-être le plus vieux vestige connu des premières implantations humaines à Saint-Christol. Judicieusement perché à cent-cinquante mètres surplombant la vallée du Gardon, le château est d’abord une simple tour au VIIIe siècle, à l’époque carolingienne. Il aurait gagné son nom de “montmoirac”, déformation du verbe montmirar (“regarder” en occitan).
Propriété de la maison seigneuriale des Bernard d’Anduze, le château fut le siège d’une farouche opposition au roi de France Philippe II Auguste. Vers la fin du XIIIe siècle, le lieu passe sous le giron de la famille des Sérignac.
Haut lieu des conflits entre camisards et catholiques durant les guerres de religion du XVIIe siècle, il fut détruit au moins deux fois et tout autant de fois reconstruit. Une légende tenace veut que le roi Louis XIII ait séjourné en 1629 au château lors du siège d’Alès par les troupes royales.
Montmoirac devient ensuite propriété des Trémolet puis de Jean de Trémolet, 4e du nom, marquis de Montmoirac, seigneur de Montèze et de Saint-Christol, ensuite de Jacques Destremx.
Pendant la Révolution les créneaux furent supprimés, et reconstruits ensuite par Léonce Destremx.
Aujourd’hui le château appartient à la famille Génolhac, depuis 3 générations.