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Coup de savate, championnat et développement personnel ; entretien avec Clément Baffie

Retour sur l’entretien avec Clément Baffie, président du club de savate de Saint Christol, sur la tenue du prochain championnat national Elite A ; la question du sport comme pratique du bien être ; et sur le cadre de l’association, créée en 1976.

Le 6 avril 2024, le club de Savate de Saint Christol accueillera le Championnat Elite A de Savate. C’est la première fois ?

« Oui, l’Élite A est la plus haute catégorie dans la discipline de la boxe française, nous avons la chance pour la première fois d’accueillir les finales Élite A. La dernière fois que nous avons accueilli des championnats de ce niveau, c’était il y a cinq ans, avec les championnats Élite B. Ce sont des athlètes de toute la France qui viendront à Saint Christol pour s’affronter, car avec la tenue des Jeux Olympiques à Paris pour cette édition 2024, les événements qui devaient s’y dérouler ont été déplacés à Vandoeuvre (, Meurthe-et-Moselle, 54) dans un premier temps, puis chez nous à Saint-Christol pour la deuxième partie. C’est une chance de pouvoir montrer notre sérieux et notre travail dans toute la France ».

Pourquoi ici ? Qu’est ce qui fait la spécificité du club ?

« Bien que la savate ne soit plus un sport très à la mode, on reste une référence dans le secteur du bassin alésien et cévenol, on a plus largement une base reconnue en France. Nous sommes l’un des plus gros clubs de France (le cinquième en taille sur 760 clubs répertoriés en France avec 350 adhérents environ). Les autres clubs avant celui de Saint Christol sont soit issus de Paris (ce sont des gros clubs), soit de Marseille. C’est aussi grâce à la qualité de notre matériel et de nos équipements. Il y a deux ans, c’est l’équipe de France Police qui est venue s’entraîner pendant la semaine. Nous leur avons apporté notre infrastructure et ça s’est terminé par un gala avec plus de 400 spectateurs ! »

Est-ce qu’il y aura des têtes alésiennes au championnat ?

« Nous aurons la chance de présenter un de nos athlètes, Elite B, pour un combat de gala donc sans enjeux à part le plaisir des spectateurs. Pour le reste de la soirée ce sont des athlètes plus expérimentés qui s’affronteront devant cinq juges et un arbitre. Ça promet de belles rencontres ! Samedi dernier, ont eu lieu la sélection jeunes (cadets), trois de nos jeunes athlètes iront aux phases finales du championnat de France en Guadeloupe en mai. En général, c’était surtout l’inverse en raison du coût, les athlètes guadeloupéens ou martiniquais venaient directement à Paris. »

Pourquoi rester dans une ligne bénévole plutôt que salariale ?

« Le club a été fondé en 1976 par un membre de ma famille, et j’ai repris la présidence à partir de 2020. Nous avons toujours été bénévoles, et il n’y a pas de salariés. Beaucoup d’associations ont fait ça, c’est souvent ce qu’on nous conseille de faire d’ailleurs. Cela permettrait d’avoir une personne dédiée aux cours mais aussi aux déplacements des athlètes. Mais le salariat est compliqué car les situations financières peuvent évoluer. C’est pour cela que l’on a choisi de rester à 100% une association, et on n’a pas envie de changer de modèle ! Nous existons grâce aux subventions et aux adhésions des membre. Mais les aides vont en diminuant, par exemple pour les finales les aides représentent à peine un tiers du budget global. On est un peu déçus qu’Alès Agglo ne nous aide pas dans cette organisation, je pense que nous mettons en avant le territoire en organisant une telle manifestation mais bon nous pouvons compter sur nos fidèles la Mairie de St Christol lez Alès, le Département du Gard et la Région Occitanie ainsi que des partenaires privés qui nous sont fidèles et qui sont toujours plus nombreux. Nos adhérents sont fidèles également, on a remarqué qu’il y a toujours un lien indélébile ; certains s’en vont faire leurs études et reviennent d’eux-mêmes plus tard ou reviennent mais pour inscrire leurs enfants. Ils sont très attachés à notre association et à mon oncle et ma tante les créateurs du club en 1976. Notre intérêt est de rayonner autour de nous, de ne pas être qu’un club 100% compétiteur mais surtout familial ».

Comment peut-on être à la fois un “club sportif et familial ?”

« Je pense que l’association est vraiment un bienfait pour la cité ; le club est bien ancré à Saint-Christol. Nous avons des pratiquants de quatre à quatre-vingt dix ans, avec des cours variés (défense avec une canne courbée, exercices de motricité, sessions d’auto-défense pour les femmes, etc.), on a vraiment l’impression de faire autre chose que la simple pratique du sport. Nous accompagnons les adhérents pendant les entraînements, mais il y a aussi un lien entre le domaine privé et la pratique de la savate. Souvent ce sont les enfants qui sont notre porte d’entrée vers le monde des adultes. Grâce au club, on note d’ailleurs que pour les enfants atteints de handicap (moteur ou sensoriel), il y a une évolution positive : une heure trente de cours est parfois plus efficace qu’un kiné ! Bien sûr, je grossis un peu car ce sont les deux combinés qui aident véritablement l’enfant, mais à notre niveau, nous pouvons aussi apporter quelque chose qui puisse aider. En tout cas, nous avons toujours eu à cœur d’enseigner et de former nos moniteurs de façon pleine et en accord avec la Fédération. La fédération propose des formations variées (soins boxeurs, préparation mentale, etc.) On ne devient pas des spécialistes mais on a quand même une première approche ».

Donc même après les sessions d’entraînement, « la savate nous suit à la maison ? »

« Oui bien sûr ! Le 5 avril se tiendra la pesée, c’est le moment où l’on pèse nos athlètes, pour vérifier qu’ils soient dans leur bonne catégorie de poids. C’est toujours par échelle de 5 kilos, et un boxeur par exemple inscrit en “60 kilos” ne peut pas faire plus, ni moins de 55kg, sinon il est éliminé d’office. Donc c’est vrai que la savate peut parfois être une pratique contraignante, mais il faut être sérieux, du début à la fin ! Ça va pour les adultes, mais c’est souvent plus dur pour les plus jeunes qui grandissent encore, pour nous et pour eux. La savate ce n’est pas non plus que des désavantages : c’est un sport de combat dont le but est de maîtriser et faire « tomber » son adversaire, mais c’est toujours du respect que l’on sent entre le public et entre les boxeurs et quand l’arbitre siffle, c’est fini, on ne discute pas, on ne négocie pas. C’est une pratique qui permet de mobiliser le corps, les muscles en coordination avec la tête ! C’est un sport contraignant oui, mais on voit que les corps s’affinent, se dessinent, et en même temps c’est le mental qui s’aiguise, se taille ».

Pour 2024, c’est quoi la suite ?

« Un nouveau ring déjà ! Des équipements toujours plus adaptés aussi en matière de matériel. Mais nous pourrions aller plus loin, car pour l’instant nous n’avons pas de conférences sur la nutrition ni sur les habitudes de consommation ou la question du surpoids. Il y a encore beaucoup de choses à développer en lien avec la Fédération. On n’est peut-être pas le (sport le) plus à la mode, mais on est toujours là depuis presque 200 ans ! »

Propos recueillis par L.M

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